Remiremont - Projet de loi des finances 2026 : les "Missions Locales" tirent la sonnette d’alarme face à la menace d’un désengagement de l’État
- actuvosges88
- il y a 6 jours
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Alors que la jeunesse française traverse une période économique et sociale difficile, l’Union nationale des Missions Locales (UNML) alerte sur les conséquences du désinvestissement de l’État dans les politiques d’insertion des jeunes prévu par le projet de loi de finances 2026 (PLF 2026). Une décision qui, selon elle, met en péril l’avenir de milliers de jeunes et affaiblit la cohésion sociale du pays.

Une jeunesse en première ligne face à la crise
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un jeune sur quatre vit sous le seuil de pauvreté, et la moitié des personnes pauvres a moins de 30 ans. Le taux de chômage des 15-24 ans atteint 18,8 %, selon les données de l’INJEP et de l’Observatoire des inégalités. Dans ce contexte déjà tendu, la réduction des crédits destinés à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes « aurait un coût économique et social élevé », avertit l’UNML.
Chaque année, les Missions Locales accompagnent plus de 1,1 million de jeunes vers l’autonomie et l’emploi, soit un jeune sur sept âgé de 16 à 25 ans. Ces structures constituent un maillon essentiel du service public de l’insertion, en particulier pour les jeunes les plus fragilisés.
Un financement en chute libre
Le PLF 2026 prévoit une baisse de 13 % du financement des Missions Locales, après une première réduction de 6,8 % en 2025. En deux ans, le réseau subirait donc une diminution cumulée de près de 20 % des crédits de l’État. Une contraction budgétaire aux conséquences très concrètes : 1 081 emplois équivalents temps plein (ETP) pourraient être supprimés parmi les 430 Missions Locales du territoire.
« Cette baisse mettrait directement en péril la qualité de l’accompagnement proposé aux jeunes », déplore l’Union nationale. Déjà, 20 % des structures se trouvent en grande difficulté financière.
Un afflux croissant de jeunes en demande d’accompagnement
Paradoxalement, cette baisse intervient dans un contexte où les Missions Locales voient leur activité augmenter fortement. L’entrée en vigueur de la loi pour le plein emploi et le renforcement du partenariat avec l’Éducation nationale – notamment à travers la réforme des lycées professionnels et le dispositif Avenir Pro – ont entraîné un afflux massif de jeunes orientés vers leurs services.
Depuis septembre 2025, le nombre de premiers accueils a progressé de 8 %, et de 10 % pour les mineurs, selon les données du système d’information national des Missions Locales. Une hausse qui s’explique autant par les effets des politiques publiques que par la précarisation croissante d’une partie de la jeunesse.
Face à cette demande accrue, les Missions Locales s’adaptent sans relâche, ajustant leurs modalités d’accompagnement aux besoins émergents : soutien à la santé mentale, lutte contre le décrochage scolaire, accès à la mobilité, ou encore accompagnement vers la formation et l’emploi durable.
Un investissement, pas une dépense
Pour l’UNML, l’accompagnement des jeunes ne peut être considéré comme une charge budgétaire, mais comme un investissement sociétal et économique. Chaque jeune inséré contribue à la vitalité de son territoire : salarié, apprenti, entrepreneur ou bénévole, il devient acteur du développement local.
« Les jeunes accompagnés par les Missions Locales constituent un investissement sociétal plus que nécessaire pour l’avenir de notre pays et la compétitivité de notre économie. Ils ne sont pas une charge pour la société, mais une ressource pour l’avenir, ne les sacrifions pas », insiste Stéphane Valli, président de l’UNML.
Des propositions pour éviter le décrochage collectif
Pour enrayer cette spirale budgétaire, le réseau des Missions Locales formule plusieurs propositions concrètes dans le cadre du PLF 2026 :
Maintenir les financements de 2026 au niveau de la loi de finances initiale de 2025.
Créer un fonds d’urgence pour soutenir les structures en grande difficulté.
Reconduire l’objectif de 200 000 jeunes engagés dans un Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) en 2026.
Préserver le budget du dispositif PACEA (Parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie) à hauteur de 53 millions d’euros, conformément à la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté.
L’UNML en appelle à la responsabilité de l’État pour préparer l’avenir en aidant les jeunes à préparer le leur. Car derrière les chiffres, il y a des destins individuels, des territoires en mouvement, et une jeunesse qui ne demande qu’à participer à la société.
Reynders Alain sur base du communiqué de presse
Crédit Photo : Anouk Desury





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