Épinal - La fresque de Nadège Dauvergne a ouvert une nouvelle porte vers le ciel de la cité des images

Un souffle de poésie a traversé la rue Boulay-de-la-Meurthe. Depuis quelques jours, les passants découvrent, au détour du pont Léopold, une fresque monumentale qui métamorphose le pignon austère d’un immeuble, en une vibrante invitation à lever les yeux.

Nadège Dauvergne et Patrick Nardin, maire d’Épinal

Un souhait culturel de la municipalité

La municipalité a confié cette nouvelle réalisation à l’illustratrice française, picarde, Nadège Dauvergne, dont l’univers artistique se nourrit d’impressions colorées et de clins d’œil aux grands maîtres. Avec cette œuvre de près de 130 m², baptisée humoristiquement « Ceci n’est pas assez », l’artiste signe un hymne à la voûte céleste, offrant aux Spinaliens une parenthèse suspendue entre réalité et imaginaire.

Quand les murs s'ouvrent sur l'infini...

Après la place de la Chipotte, la rue Pasteur-Boegner et le parking Saint-Michel, c’est désormais le quartier de la Maison Romaine qui s’enrichit d’une fresque urbaine. Les habitants ont vu s’esquisser, jour après jour, les premières vibrations de violet profond posées en sous-couche par l’entreprise Bové, mécène du projet. Puis, au pinceau, par petites touches diluées, Nadège Dauvergne a laissé apparaître des constellations de couleurs, patiemment superposées, jusqu’à former ce ciel étrange et habité.

La technique du "pointillisme" ( Peinture par petites touches, par points juxtaposés de couleurs pures) inspirée des hachures impressionnistes, joue sur l’illusion optique : c’est le regard du spectateur qui, en recomposant ces fragments, restitue la lumière et les nuances. « Le magenta est la teinte essentielle de ce ciel. Il donne au mur une certaine vibration », a confié l’artiste, qui reconnaît avoir relevé un défi inédit en travaillant, parfois, à plus de treize mètres de hauteur.

    Nadège Dauvergne et Patrick Nardin, maire d’Épinal

« Il a fallu jongler avec les caprices de la météo, les hésitations mécaniques des nacelles. C’était particulier et aussi un défi parce que je n’avais jamais fait de Ciel dans ce format. Au niveau technique j’ai utilisé 8 couleurs (celle de fond comprise). Des couleurs primaires avec lesquelles j’ai créé différentes combinaisons. La sous-couche placée, j’ai pris le relais avec mes petits deux litres de peinture (dilués dans de l’eau) et j’ai commencé à apposer mes petites touches répétitives avec le plus de précision possible. Et le résultat est celui-ci : il fait cette fois  référence à l’art moderne comme me l’avaient fait remarquer avec justesse Fanny Moinel et Sophie Bey du service culturel de la ville. Et puis il y a, aussi, ce côté surréaliste avec cette porte qui donne cette impression d’accès au ciel en s’ouvrant vers l’infini.  Chacun y verra ce qu’il veut, peut-être une échappée, peut-être une promesse. C’est aussi un clin d’œil à Magritte : ceci n’est pas un ciel » a-t-elle ajouté malicieusement

Un parcours culturel en expansion

Cette œuvre vient enrichir le parcours artistique souhaité par la municipalité. Le maire, Patrick Nardin, a rappelé lors de l’inauguration que la ville entend ainsi tisser un fil d’art contemporain à travers ses quartiers : de la reproduction par Andrea Ravo Mattoni d’un tableau de Georges de La Tour, à l’hommage de Vince, Colette et Sakew à Jean-Paul Marchal, en passant par la fresque géométrique d’Astro. Il a aussi précisé que cette nouvelle œuvre est idéalement placée sur un axe très emprunté par les spinaliens et que sa visibilité en sera, dès lors, maximale. « Et puis Nadège Dauvergne n’est pas une inconnue pour les spinaliens puisque qu’elle s’était déjà illustrée par la réalisation de tableaux de grands maître en 2024 pour l’association « Le Mur » a-t-il rappelé.

Désormais, la rue Boulay-de-la-Meurthe porte en elle un fragment de ciel, une fenêtre sur l’imaginaire. Sous le pinceau de Nadège Dauvergne, le quotidien urbain se teinte d’une poésie nouvelle, rappelant que parfois, il suffit de lever les yeux pour voyager ailleurs.

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Rédaction : Alain Reynders

Photos : Alain & Lara Reynders