Éloyes célèbre les 60 ans du film culte Les Grandes Gueules

Soixante ans après sa sortie en 1965, Les Grandes Gueules continue d’occuper une place à part dans le cœur des cinéphiles et des Vosgiens. Ce film devenu culte, réalisé par Robert Enrico, unit deux monstres sacrés du cinéma français, Lino Ventura et Bourvil, dans un drame humain tourné en grande partie au cœur des forêts vosgiennes.

Un hommage vibrant à un tournage légendaire dans les Vosges

Pour marquer cet anniversaire symbolique, la commune d’Éloyes organise un après-midi exceptionnel consacré à la mémoire du film et à son tournage. L’événement aura lieu le samedi 8 novembre 2025 à partir de 14h, à l’Espace Culturel d’Éloyes et promet de replonger le public dans l’ambiance unique de cette œuvre emblématique.

Un métrage qui a façonné la légende

Nous sommes à Vagney, en 1965. La pluie tombe drue sur la place Caritey, mais cela n’empêche pas quelque 10 000 curieux de se masser autour du plateau de tournage. Sous la direction attentive de Robert Enrico, Lino Ventura esquisse une valse avec Marie Dubois, pendant que Michel Constantin, d’un geste brusque, envoie un coup de poing à quelques centimètres d’un Bourvil étourdi par le vacarme du carrousel.Cette scène mythique, tournée dans des conditions dantesques, marque la fin tragique du film. Elle reste aujourd’hui gravée dans la mémoire collective comme l’un des moments les plus marquants du cinéma français tourné en région.

Tout avait commencé quelques mois plus tôt, lorsque José Giovanni, auteur du Haut Fer, imagine l’histoire d’un homme qui lutte pour sauver sa scierie familiale. Inspiré par un séjour dans les Vosges, il situe son récit au milieu des sapins et des ruisseaux. Robert Enrico y voit aussitôt le décor idéal pour raconter la rédemption d’Hector Valentin, revenu s’occuper de la scierie paternelle, entouré d’anciens détenus cherchant une seconde chance.Le vert profond des résineux, le brun des rondins de bois, la rudesse des montagnes vosgiennes : tout concourt à donner au film sa force visuelle et son authenticité.

Anecdotes de tournage

Les Vosgiens se souviennent encore de quelques histoires savoureuses liées au tournage. Lors de la fameuse scène de la fête foraine, Lino Ventura s’était réellement blessé à la jambe. L’équipe, désemparée, avait alors fait appel à une rebouteuse de Fresse-sur-Moselle pour le soigner, afin de pouvoir poursuivre le tournage.Bourvil, de son côté, écrira plus tard que ce tournage fut « l’un de ses pires souvenirs », tant les conditions météorologiques furent rudes : pluie, boue, froid persistant… Des souffrances réelles qui ont contribué à la vérité brute du film.

Une après-midi pour revivre la légende

Le dimanche 9 novembre, les passionnés de cinéma et de patrimoine local pourront revivre cette épopée à travers un programme riche et convivial :

• 14h30 – Projection d’un documentaire et de films d’archives inédits, pour redécouvrir les coulisses du tournage et les lieux emblématiques du film.

• 15h30 – Débat et séance de dédicaces autour du livre L’Aventure des Grandes Gueules, en présence de ses auteurs, l’éditeur Olivier Bertot et le réalisateur Jean-Pascal Voirin, qui retracent la genèse du film et la mémoire de ceux qui y ont participé.

• 16h30 – Projection du film Les Grandes Gueules sur grand écran, pour savourer à nouveau la puissance dramatique et la tendresse de cette œuvre intemporelle.

Un hommage au patrimoine vosgien

Ouvert à tous et en entrée libre, cet après-midi s’annonce comme un moment de partage et d’émotion, entre passion du cinéma et attachement au territoire. Car Les Grandes Gueules, au-delà d’un chef-d’œuvre du septième art, demeure un témoignage vivant du patrimoine vosgien, de ses paysages, de sa culture et de la force de ses habitants.

Soixante ans après, le film continue de rassembler, comme au premier jour du tournage, ceux qui aiment les forêts, les hommes, et les histoires vraies.

Rédaction : Alain Reynders

Photos : Film "Les Grandes Gueules" et "Toutes les Vosges"