Épinal - Le « C – Atelier Ouvert » inaugure son premier week-end d’art partagé

actuvosges88
il y a 30 minutes
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Un nouveau lieu d’art vient d’éclore au cœur d’Épinal. Sobrement baptisé « Le C », l’atelier et résidence du peintre spinalien Jean-Marie Cherruault ouvre pour la première fois grand ses portes le temps d’un week-end dédié au dialogue entre les arts. Du 12 au 14 décembre, le public est invité à parcourir cet espace encore imprégné d’odeurs de térébenthine où se tissent, pour cette première édition, deux univers : celui du maître des lieux et celui de la photographe nancéienne Pauline Corto, accompagnés par les lectures poétiques de Stéphane Lempereur

Un lieu pensé pour l’échange

Le concept est simple : accueillir sans filtre, partager sans formalisme. Jean-Marie Cherruault, qui y travaille depuis plusieurs années, souhaite faire du « C » un endroit vivant où l’on découvre les œuvres comme on rencontre des personnes, avec curiosité et chaleur humaine. Les visiteurs pourront ainsi traverser les pièces comme on traverse une conversation, passant d’une toile à une image, d'un clair-obscur à un noir profond, d’une émotion à une autre.

Jean-Marie Cherruault : entre hyperréalisme et échappées fantastiques

Connu pour ses peintures à l’huile d’une précision remarquable, Jean-Marie Cherruault cultive une technique patiente, héritée des maîtres qu’il admire; Vermeer, Le Caravage, La Tour ou encore Velázquez. Autodidacte passionné, il a poussé le glacis jusqu’à la transparence, cherchant dans chaque matière la vibration juste. Ses compositions hyperréalistes, inspirées de procédés cinématographiques, jouent des cadrages serrés, des plans mouvants, des flous assumés. Plus récemment, son travail a glissé vers des territoires aux accents fantastiques, comme si ses personnages, pourtant solidement ancrés dans la lumière, se détachaient pour rejoindre un ailleurs mystérieux.Les visiteurs découvriront ainsi une sélection couvrant ses deux dernières années de création, entre instants suspendus, atmosphères secrètes et silhouettes dont la noblesse réside dans l’intensité de leur présence.

Pauline Corto : la poésie silencieuse des objets

Face aux toiles, les photographies de Pauline Corto déploient un autre langage, plus dépouillé, presque chuchoté. « Imagière » avant tout, elle a exploré la mémoire des objets, leur fragilité, leur aura. Formée à la sémiologie de l’image à l’Institut Européen de Cinéma et d’Audiovisuel de Nancy, puis au journalisme au CFPJ, elle a longtemps raconté la vie quotidienne dans les colonnes de la presse régionale.

Pendant les confinements, elle a commencé à « échantillonner » son environnement immédiat : ustensiles de cuisine, fragments domestiques, formes banales soudain sublimées. Naît alors la série « Arts Ménagers », où le noir et blanc pur devient écriture graphique. Peu à peu, son regard a quitté l’intérieur pour arpenter l’extérieur : rues de Nancy, terrains vagues, stations-service d’un autre temps… Avec son projet « American Pacotille », elle a recomposé une Amérique imaginaire à partir de fragments lorrains, où se sont croisés cowboys glitter, néons fatigués et silhouettes automobiles de légende.Dans chacune de ses images, les objets se dépouillent de leur fonction pour ne garder que leur ligne, leur vibration, leur présence silencieuse. Pauline Corto a cherché moins à montrer qu’à révéler, moins à prouver qu’à suggérer, jusqu’à toucher ce qu’elle nomme « l’organité » des choses, leur âme discrète.

Un week-end pour rencontrer les artistes

Tout au long des trois jours, le public pourra échanger librement avec les deux artistes, découvrir leur démarche, leurs séries en cours — dont le travail de Corto autour de Jean Prouvé ou ses paysages en pose longue, ainsi que les nouvelles explorations picturales de Cherruault.Les lectures poétiques de Stéphane Lempereur ponctueront ces rencontres, offrant des respirations littéraires entre les œuvres.