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Épinal  -  « Le C » a ouvert une parenthèse sensible entre ombre et lumière

Depuis vendredi, au 13 rue Boulay-de-la-Meurthe, un lieu discret, sensible aux émotions, s’est ouvert comme une confidence faite à la ville. Son nom tient en une lettre : Le C. Une initiale simple, presque murmurée, pour un espace où l’art se partage sans apprêt, dans la proximité et la chaleur humaine, jusque ce dimanche....

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Un lieu atypique pour deux artistes pas ordinaires

Pensé comme une fenêtre grande ouverte sur l’imaginaire, Le C est à la fois galerie, atelier et lieu de vie. Pour cette première ouverture, limitée à trois jours, le peintre spinalien Jean-Marie Cherruault a choisi d’inviter son amis la photographe nancéienne Pauline Corto, tissant avec elle un dialogue d’ombres, de silences et de lumières retenues.

Dès l’entrée, le tempo est donné : couleur feutrée, clair-obscur assumé, atmosphère de cocon. On ne visite pas Le C comme un espace d’exposition classique ; on y circule comme dans une maison habitée, passant des cimaises au cœur même du quotidien, jusque dans la cuisine et les communs. Les œuvres s’y répondent avec une étonnante justesse, comme les fragments d’un puzzle intime.

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Deux univers, une même gravité lumineuse

Jean-Marie Cherruault, maître des lieux, nourrit depuis longtemps une passion pour les grands peintres de la lumière : Georges de La Tour, Le Caravage, Vermeer ou Velázquez. Autodidacte exigeant, il travaille l’huile avec une patience presque méditative, superposant les glacis jusqu’à faire vibrer la matière. Ses personnages, souvent figés dans des postures étranges ou silencieuses, semblent suspendus entre présence et disparition. Sa relecture du Job raillé par sa femme dialogue sans complexe avec l’héritage du maître lorrain, affirmant une maîtrise technique et une profondeur émotionnelle rares.

Face à ces toiles, les photographies de Pauline Corto prolongent le murmure. Amoureuse du noir et blanc américain, elle revendique des noirs profonds, des blancs fragiles et toute une gamme de gris qu’elle appelle ses « gris fragiles ». Depuis 2020, elle explore aussi l’œuvre et la trajectoire de l’architecte nancéien Jean Prouvé, tout en poursuivant une quête plus personnelle autour des objets et de leur mémoire.

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Dans ses images, les choses les plus ordinaires perdent leur fonction pour devenir formes, lignes, présences. Ustensiles domestiques, fragments urbains ou paysages en pose longue : tout est prétexte à une écriture visuelle épurée, presque silencieuse. Ici, la photographie ne démontre pas ; elle suggère, elle révèle.

Un lieu d’échange avant tout

Vendredi, dès l’ouverture, les visiteurs se sont pressés nombreux. Artistes, habitués de l’espace d’art l’Usine d’Uxegney, membres d’associations culturelles, représentants d’institutions muséales, figures bien connues du paysage culturel vosgien : tous ont répondu à l’invitation. Car "Le C" n’est pas seulement un lieu à voir, c’est un lieu à rencontrer.

La visite mène aussi à l’atelier de Jean-Marie Cherruault, véritable cœur battant de l’appartement. Pinceaux, brosses, chevalets, toiles en cours : une intimité picturale offerte sans filtre, comme un geste de confiance envers le public.

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Tout au long du week-end, les échanges ont été nourris, libres, spontanés. Les lectures poétiques de Stéphane Lempereur sont venues ponctuer ces moments, apportant des respirations littéraires entre les œuvres, comme autant de pas de côté vers le rêve.

Une promesse pour la ville

Plus qu’une exposition, Le C signe la naissance d’un lieu d’art partagé au cœur d’Épinal. Temporaire pour l’instant, mais porteur d’une promesse : celle d’un espace où l’on prend le temps, où l’on regarde vraiment, où l’art se vit dans la proximité et le dialogue.

Une immersion aux saveurs énigmatiques, qui invite à ralentir et à se laisser traverser par les images. Un lieu qui ne s’impose pas, mais qui reste. Longtemps

Rédaction et photos : Alain Reynders

 

 

 

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