Harold Hessel a officié comme expert dans la célèbre émission de France 2 « Affaire Conclue » depuis 2017. J’ai eu la chance de pouvoir le rencontrer au Forum du Livre de Saint-Louis où il est venu présenter ses ouvrages.
(Photo France Télévision)
Un Commissaire-priseur accessible et simple
Habituellement, dans les salons du livre généraliste (ce qui n’est pas le cas dans les salons de l’Imaginaire) les matins sont souvent assez calmes. C’est le moment que nous avons choisi avec Harold pour réaliser cette petite interview.
C’est une personne stylée, souriante qui m’a accueilli. Le « gendre parfait » diraient certains. Ce qualificatif l’amuse d’ailleurs beaucoup.
Harold Hessel, détendu, avant une interview (Photo AR)
Interview
Actuvosges (AV) : certains bruits de couloirs, laissent entendre que vous seriez originaire d’Alsace ?
Harold Hessel : non du tout, mais finalement, ce n’est pas très loin de la réalité. Ma famille provient de Bavière. C’est à peu près à 250 km d’ici. Certains de mes ancêtres étaient pasteurs luthériens… Mais depuis déjà bien longtemps ma famille s’est installée en Région Bordelaise et moi, je vis à Paris, ce qui est plus aisé pour me rendre aux émissions, notamment.
AV : quel a été votre parcours professionnel ?
HH : mon parcours a débuté par des études de droit et j’ai décroché ma maîtrise. Ensuite, j’ai fait une licence en histoire de l’art. J’ai toujours été passionné, peut-être même inconsciemment, par les objets, et ce, probablement à cause de ma famille. Mes parents m’emmenaient souvent en visite de musées, de salles d’enchères. J'ai ensuite intégré l'École du Louvre, où j'ai approfondi mes connaissances sur les objets d'art et les antiquités. J'ai poursuivi par une formation spécialisée et j'ai obtenu mon diplôme de « commissaire-priseur ». Il faut préciser qu’il n’y a qu’en France où le métier est si réglementé et ce n’est pas plus mal, parce que cela lui donne de la légitimité. Grâce à ce diplôme, j’ai travaillé en 2004 pour l’Hôtel Drouot (NDLR : hôtel des ventes parisien mythique) le Graal pour les amateurs d’antiquités sur Paris, puis pour un décorateur connu, un galeriste, et même pour un site internet de vente d’objets en ligne. J’ai accumulé les expériences avant cette belle aventure en 2014 avec Charlotte de Turckheim et l’émission « Vos objets ont une histoire ». C’est là que j’ai fait mes premières expériences télévisées. C’était déjà France 2 et cela a duré six mois. Six mois pour convaincre d’une certaine manière…
AV : le public vous connaît surtout grâce à votre participation à l'émission "Affaire Conclue" sur France 2. Comment avez-vous été approché pour participer à celle-ci ?
HH : la production cherchait des experts en art et antiquités pour évaluer les objets apportés par les participants. Étant déjà actif dans le milieu des enchères, et aussi probablement grâce à mon expérience à « Vos objets ont une histoire », on y revient, j'ai été contacté par la production pour passer des auditions. Après plusieurs tests et discussions, j'ai été sélectionné pour faire partie de l'équipe des experts. C'est une expérience enrichissante qui dure depuis 2017 et qui me permet de continuer à partager ma passion avec un large public. Et puis je m’amuse bien parce que l’on y voit passer, parfois, des pièces rares ou insolites.
Harold Hessel durant ses dédicaces à Saint-Louis (Photo Alain Reynders)
AV : je suis tenté de vous demander quel est l'objet le plus intéressant que vous ayez eu à évaluer dans l'émission, et pourquoi ?
HH : il y a eu beaucoup d'objets intéressants, mais un en particulier me vient à l'esprit. C'était une sculpture en bronze d'Auguste Rodin. Le buste de Suzon de +- 40 cm qui a été vendu à plus de 7.000 euros (ce qui n’est plus un record). Non seulement, l'œuvre était magnifique, mais elle avait aussi une histoire fascinante liée à son ancien propriétaire, belge comme vous. C'est toujours un plaisir de pouvoir raconter l'histoire d'un objet et de voir les yeux des participants s'illuminer en découvrant sa valeur. Et puis dans cette émission, j’adore ce challenge de défendre un objet, lui donner toutes les spécificités qui permettront au vendeur d’argumenter face aux acheteurs…
AV : en tant que commissaire-priseur, quelles sont les qualités essentielles que vous devez posséder pour exercer dans ce métier ?
HH : je dirais que la première qualité est, sans aucun doute, d’être curieux et aussi de posséder une connaissance assez pointue de l'histoire de l'art et des objets. Il faut aussi rester constamment à l'affût des nouvelles découvertes et des tendances du marché. L'intégrité et l'honnêteté sont également cruciales, car nos évaluations doivent être justes et transparentes. Enfin, il faut savoir communiquer et être capable de partager ses connaissances de manière claire et passionnante.
Parmi les acheteurs, j’apprécie beaucoup Gérald Wathelet d’abord pour son professionnalisme et sa magnifique boutique à Bruxelles-Uccle
Rencontre entre Laetitia Reynders, l'écrivaine Vosgienne et Harold Hessel (Photo Actuvosges)
AV : votre plus grande satisfaction dans cette profession ?
HH : c’est de pouvoir aider les gens à découvrir la valeur cachée de leurs objets et de voir leur réaction lorsqu'ils apprennent que ce qu'ils possèdent a une grande valeur historique ou monétaire. C'est aussi très gratifiant de participer à la préservation et à la mise en valeur du patrimoine culturel.
AV : le métier de Commissaire-priseur, n’est pas très connu, quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui souhaite se lancer dans cette profession ?
HH : je lui conseillerais d'abord de suivre une formation solide en histoire de l'art et de se spécialiser dans un domaine qui le passionne. Ne pas rechigner à réaliser des stages afin d’acquérir de l'expérience pratique et de se familiariser avec le monde des enchères. La patience et la persévérance sont essentielles, car c'est un métier qui demande du temps et beaucoup de travail. Enfin, il faut toujours rester curieux, comme je le disais tout à l’heure et se tenir informé des évolutions du marché et des découvertes artistiques.
AV : vous êtes ici à Saint-Louis pour présenter vos ouvrages. Vous pouvez nous en parler ?
HH : avec plaisir. Il y a « Objets d’histoire, histoires d’objets » où je revisite 80 objets que j’ai sélectionnés et dont je raconte leur vécu, leur signification et surtout leur usage. Je me suis souvent rendu compte que le public connaissait tel ou tel objet pour l’avoir déjà vu, mais n’arrivait plus à se souvenir à quoi il servait. Je tente aussi de donner quelques astuces pour dater certaines pièces. C’est un guide illustré pour les passionnés des objets et pour les « chineurs. »
Je peux aussi vous présenter « Ma galerie idéale ». Si on me demandait de sélectionner 75 tableaux à placer dans une galerie rien que pour moi, j’aurais pris ceux-là. Il y a du Rembrandt, Giotto di Bondone, Eugène Delactoix, Edwar Hopper, Jérôme Bosch, Nicolas Poussin, Jean-Baptiste Oudry, Adelaïde Labille Guiard, Edouard Manet, Paul Cézanne, Edvard Munch, Gustav Klimt, Matisse, Picasso, Dali…
J’y retrace, en 75 chefs d’œuvres l’histoire de la peinture du moyen-âge au XXe siècle tout en parlant, un peu de la vie des peintres, des symboles à décrypter dans les toiles…
Une visite guidée en quelque sorte
NDLR : nous avons acheté ce livre qui est une merveille et que nous recommandons. « Ma galerie idéale en 75 tableaux » d’Harold Hessel, aux Éditions de la Martinière (Prix : 19,90 euros)
AV : dernière petite question. Vous appréciez le Forum de Saint-Louis ?
HH : franchement oui. C’est mon premier déplacement en Grand Est et à fortiori à Saint-Louis. C’est une magnifique organisation et l’accueil y est vraiment chaleureux. J’y reviendrai.
Propos recueillis par Alain Reynders
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