Vosges – Brigitte Bardot, a tiré sa révérence. Les Vosgiens se souviennent
- actuvosges88
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La France a perdu l’une de ses figures les plus emblématiques. Brigitte Bardot s’est éteinte à l’âge de 91 ans, laissant derrière elle bien plus qu’une filmographie mythique : une empreinte culturelle, esthétique et humaine profonde. Icône planétaire du cinéma, incarnation d’une féminité libre et assumée, elle a été, aussi, durant la seconde moitié de sa vie, une militante infatigable de la cause animale. Une légende absolue, dont l’histoire résonne aussi, et peut-être plus qu’on ne l’imagine, au cœur des Vosges.

Une icône entrée dans le panthéon de l’Imagerie d’Épinal
En mai 2010, le lien entre Brigitte Bardot et les Vosges s’est matérialisé de manière symbolique et artistique. La prestigieuse Imagerie d’Épinal dévoilait une Image d’Épinal entièrement consacrée à la star, réalisée par Antonio Gacia, alors directeur artistique de l’institution spinalienne. Présentée le 17 mai 2010, cette œuvre fut également mise à l’honneur à Paris, à la Maison de l’Alsace, sur les Champs-Élysées, en présence notamment de Robert Hossein et du journaliste Henri-Jean Servat.
Éditée à 500 exemplaires numérotés sur vélin d’Arches, l’image proposait une mosaïque sensible et stylisée des grandes périodes de la vie de Brigitte Bardot. On y retrouvait la jeune femme des années 1950-1960, jupe trapèze à motif vichy bleu, ballerines aux pieds, silhouette libre et audacieuse, mais aussi une représentation plus épurée, presque intemporelle, dans des tons pastels délicats. Deux thèmes dominaient : la fraîcheur glamour de la femme-enfant et la figure protectrice, presque féerique, de la défenseuse des animaux.
Déjà immortalisée par Andy Warhol, Brigitte Bardot est entrée ainsi dans un autre panthéon : celui des Images d’Épinal, ces représentations populaires qui, depuis plus de deux siècles, façonnent l’imaginaire collectif français.

Un petit mot tout spécialement pour cette "Image d’Épinal" unique

La lettre manuscrite de Brigitte Bardot au Directeur de l'Imagerie d’Épinal
L’émotion d’une Lorraine d’origine
Brigitte Bardot avait accueilli cet hommage avec une émotion sincère. Dans une lettre adressée au directeur de l’Imagerie en février 2010, elle confiait combien cette œuvre l’avait touchée par sa tendresse et sa délicatesse. Elle rappelait également ses racines lorraines : son père était originaire de Ligny-en-Barrois, dans la Meuse, et sa famille collectionnait les Images d’Épinal. « Je suis donc lorraine d’origine », soulignait-elle alors, consciente de la portée symbolique de cet hommage venu d’une terre qui faisait partie de son histoire familiale.
Le dessin faisait aussi explicitement référence au film qui l’avait révélée au monde en 1956, Et Dieu créa la femme de Roger Vadim. Un saut assumé dans les années 1950, lorsque la jeune Parisienne installée à Saint-Tropez bouleversait les codes du cinéma et de la société par son audace et sa liberté.
L’Imagerie d’Épinal, mémoire vivante de la France
Si Brigitte Bardot a été honorée d’entrer dans cette prestigieuse collection, c’est aussi parce que l’Imagerie d’Épinal occupe une place singulière dans l’histoire française. Fondée en 1796, elle a été longtemps l’un des principaux vecteurs d’information du peuple, bien avant la généralisation de la presse écrite. Gravées sur bois et imprimées à la presse à bras héritée de Gutenberg, les images racontaient batailles, faits historiques, scènes religieuses ou traditions populaires. Vendues par les colporteurs, elles étaient commentées, partagées, discutées.
Interdites à certaines périodes politiques, puis utilisées comme outil de propagande ou de publicité à partir de la fin du XIXᵉ siècle, elles n’en sont pas moins restées un « quatrième pouvoir » avant l’heure. Aujourd’hui encore, elles témoignent de la pérennité d’un savoir-faire et d’une capacité unique à raconter l’Histoire en images, en perpétuant la tradition tout en la renouvelant.
Brigitte Bardot et les Vosges : une histoire vécue
Le lien entre Brigitte Bardot et les Vosges ne se limite pas à l’art et au symbole. La star est venue à plusieurs reprises dans le département, notamment fin juin 1968, lorsqu’elle a séjourné à Bocquegney, petit village d’une centaine d’habitants, situé à proximité d’Épinal. Elle y cherchait le calme, entre deux tournages, mais sa présence a provoqué une véritable effervescence locale. Photographes et journalistes ont afflué, transformant ce havre de tranquillité en théâtre d’une chasse à l’image.
Hébergée par le maire du village, François Gilles, elle partageait alors la vie de Patrick Gilles, étudiant parisien et fils de son hôte. Il y a quelques semaines, au détour d’une émission radio nous avions évoqué « BB » avec Gilles Laporte, l’écrivain Vosgien bien connu : "J’ai eu le plaisir de la rencontrer plusieurs fois à son adresse parisienne dans le 16e arrondissement. Je connaissais aussi son petit ami de l’époque Patrick que j’avais côtoyé au Lycée Lapicque d’Épinal. Leur histoire a duré presque deux ans si mes souvenirs sont bons"
Certains témoins se rappellent encore aujourd’hui de cette période unique , où une star mondiale a brièvement séjourné dans la campagne vosgienne.

Une légende qui demeure
Brigitte Bardot ne laissait personne indifférent. Actrice adulée, femme libre parfois controversée, militante acharnée pour la protection animale, elle a traversé les décennies en restant fidèle à ses convictions. Son souhait était d’être enterrée dans son jardin tropézien, auprès de ses animaux disparus, fidèle jusqu’au bout à ce combat devenu le sens de sa vie.
Avec sa disparition, c’est une page importante de l’histoire culturelle française qui se tourne. Mais dans les Vosges, à Épinal, à Bocquegney, et à travers une Image devenue à son tour légendaire, le mythe Bardot continue de vivre. Une icône éternelle, désormais inscrite dans la mémoire collective et le patrimoine, là où l’art populaire rejoint la légende.
Rédaction : Alain Reynders
Illustration "L'image consacrée à Brigitte Bardot" avec l'aimable autorisation d'Antonio Gacia





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