Uxegney – L’Usine invite Artem Manon et Justine Hardouin : deux artistes, deux âmes sœurs au talent indéniable

actuvosges88
30 sept.
4 min de lecture

Pour refermer le livre de sa quatrième saison artistique, l’association Grand Angle Épinal offre au public une rencontre rare, à la croisée de l’intime et du sensible.

Du 4 au 26 octobre 2025, chaque week-end, de 14h à 18h30, l’ancienne usine textile d’Uxegney se métamorphosera en un écrin vibrant d’émotions. Ses murs chargés d’histoire accueilleront deux artistes contemporaines dont les univers se répondent comme deux souffles jumeaux : Manon Artem, peintre autodidacte à la gestuelle ardente, et Justine Hardouin, photographe en quête des lueurs secrètes de la nature.

Justine Hardouin et Artem Manon

Le regard des âmes, l’ombre et la lumière

Ce dialogue artistique, porté par l’énergie brute de la peinture et la délicatesse du regard photographique, promet une immersion singulière où l’animalité, la fragilité et la poésie s’entrelacent. Ces deux artistes ont plusieurs points communs dont un qui leur est intimement personnel. Depuis des années, les deux jeunes femmes interviennent sciemment ou même parfois inconsciemment dans la trajectoire de l'autre. Et c’est une chance que de les découvrir ensemble dans le cadre de cette exposition.

Manon Artem – Le regard des âmes

À seulement 29 ans, Manon Artem s’impose déjà comme une voix singulière dans la création contemporaine. Loin des écoles et des dogmes, elle a choisi la liberté du geste. Pour elle, peindre est une nécessité vitale, un souffle, presque une urgence. Son médium de prédilection, l’aquarelle, devient matière vivante, fluide et incandescente.

Ses toiles en noir et blanc, traversées d’instinct et de puissance, convoquent les figures animales, notamment les primates, dont elle sait capter l’âme avec une intensité bouleversante.« Je ne sais pas vraiment pourquoi j’aime les singes, confie-t-elle, mais j’ai besoin d’être là pour eux. À mon échelle. Présente. »

Cette présence, elle l’a incarnée en 2024 lors d’un voyage décisif en République démocratique du Congo. Pendant un mois, au cœur de la brousse, elle a partagé le quotidien d’un centre de réhabilitation des chimpanzés. Une expérience initiatique qui a ancré son art dans une quête plus vaste : celle d’un sens, d’un rôle à jouer, d’une responsabilité à travers la peinture.Aujourd’hui, vivant pleinement de son art, elle expose en France et en Belgique des œuvres qui tissent des liens fragiles mais puissants entre l’humain et le vivant, entre la solitude et la communion.

Les Vosges l’avaient déjà accueillie en 2023, lors du Festival Ouvertures à Chantraine, où son apparition fut remarquée : de simples gestes, elle avait fait surgir un léopard au regard magnétique, gravant les esprits d’une empreinte durable. Ce mois d’octobre signe son retour tant attendu sur cette terre de forêts et de brumes, où son univers trouve un écho naturel.

Artem Manon en performance à Chantraine en 2023

Justine Hardouin – L’ombre et la lumière de la nature

Née au Mans le 6 avril 1998, Justine Hardouin a grandi dans un milieu agricole, bercée par la force tranquille des paysages et le rythme des saisons. Entourée dès l’enfance par la nature, elle a développé un regard attentif aux détails invisibles, aux vibrations discrètes que d’autres oublient de voir. À l’adolescence, la photographie s’est imposée à elle comme un langage intime, une passerelle entre l’éphémère et l’éternel, entre la simplicité et le mystère.

Diplômée d’un Baccalauréat Professionnel Photographie en Sarthe, elle poursuit depuis cette quête patiente : saisir l’essence du vivant, traduire en images ce que la nature offre de plus fragile et de plus insaisissable. Son appareil photo devient alors un prolongement de sa sensibilité, une loupe poétique posée sur le monde.

L’exposition qu’elle présentera à Uxegney témoigne de cette recherche. Ses photographies en noir et blanc se déploient entre abstraction et révélation. Jeux de flous, intensité des contrastes, éclats de lumière : tout concourt à transformer le réel en une matière vibrante. Chaque cliché est une respiration, une suspension du temps, où la nature se révèle à la fois proche et mystérieuse.

Ses images ne se contentent pas de montrer. Elles suggèrent, elles ouvrent des brèches. Elles invitent à franchir le voile de l’évidence pour retrouver une profondeur oubliée. Dans son univers, la lumière devient récit, et le flou, un langage. Chaque paysage se mue en méditation silencieuse, appelant le spectateur à ralentir, à poser un regard neuf, à se laisser toucher par la poésie de l’ordinaire.

La jeune sarthoise, explore ainsi le monde avec la patience des contemplatifs. Son travail nous rappelle que la nature n’est pas seulement un décor, mais une présence vivante, une source inépuisable de beauté et de simplicité.

Ce voyage artistique dans les Vosges a pour elle une résonance toute particulière : il marque le temps de sa toute première exposition. Une entrée par la grande porte dans le monde de l’art, promesse d’un parcours où ombre et lumière continueront de dialoguer.

Un lieu, une rencontre

Le choix de l’ancienne usine textile d’Uxegney n’est pas anodin, ni banal. Ce lieu de mémoire, chargé d’une histoire ouvrière, se transforme aujourd’hui en laboratoire d’émotions, où passé industriel et visions artistiques se croisent. Le poids des murs, les volumes de briques et de métal, résonneront des voix de deux femmes qui, chacune à leur manière, interrogent notre lien au vivant.

Deux âmes, deux regards, deux écritures différentes, mais un même désir : toucher le spectateur, lui ouvrir les portes de l’imaginaire et, peut-être, éveiller en lui un peu plus d’attention au monde qui nous entoure.

En résumé : rencontrer Manon et Justine c’est vivre l’éveil sensible d’un monde intérieur…Deux âmes sœurs en création pour le plaisir des yeux et l'explosion d'émotions.