Gérardmer – Pour clôturer Les Rencontres du cinéma 2025 : « Familia » , un voyage cinématographique au cœur de la violence et de l’héritage familial

Une histoire de destin et de persévérance

Plongé dans un univers de violence et de marginalisation et suite à une mesure d’éloignement de Franco, leur père dont la violence a marqué leur enfance Luigi dit "Gigi" et Alessandro grandissent au sein d’une réalité brutale où pauvreté et colère façonnent son existence. Pris dans un engrenage destructeur, Gigi trouve un refuge illusoire parmi un groupe extrémiste, néofasciste qui lui offre l’appartenance qu’il n’a jamais connue. Mais son destin bascule lorsqu’il met fin aux tourments infligés par son père, commettant l’irréparable pour protéger sa mère et son frère. Ce choix le conduit derrière les barreaux, un lieu qui deviendra paradoxalement le théâtre de sa rédemption. Malgré les échos du passé qui le hantent, une conviction l’habite : le cycle infernal de la violence peut être brisé.

Après dix ans d’absence, Franco réapparaît, bien décidé à retrouver sa place au sein de ce qu’il considère comme son foyer.

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Une esthétique du confinement

Le film réalisé d’après le livre autobiographique de Luigi Celeste Non sarà sempre cosi, s’appuie sur une mise en scène qui explore l’enfermement, tant physique qu’émotionnel. À travers une architecture visuelle oppressante, où l’environnement urbain brutal contraste avec des horizons plus ouverts, l’œuvre joue sur les frontières entre contrainte et liberté. La caméra se veut immersive, capturant les émotions à vif et les tourments intérieurs des personnages. Cette approche donne une intensité particulière aux scènes, où chaque gros plan devient une fenêtre sur l’âme des protagonistes.

Un titre chargé de sens

Le choix du titre, Familia, n’est pas anodin. Derrière sa signification première de foyer et d’union, il renvoie aussi à une notion plus sombre : celle d’une structure régie par un patriarcat autoritaire, où domination et souffrance s’entremêlent. Ce double sens illustre parfaitement les dilemmes des personnages, déchirés entre attachement et oppression.

Un thriller psychologique au service d’un récit universel

Mêlant film noir, drame social et thriller psychologique, Familia transcende les genres pour plonger le spectateur dans une histoire viscérale et universelle. Il ne s’agit pas seulement de raconter la violence, mais de la disséquer, d’exposer ses racines et ses conséquences profondes. Loin d’une simple narration linéaire, le film s’attarde sur les blessures invisibles, celles qui marquent une vie bien après les coups.

Le lien fragile entre Gigi et son père constitue le cœur de cette tragédie. Fasciné et terrifié par cette figure paternelle destructrice, Gigi oscille entre rejet et imitation. Marqué par la brutalité dont il a été témoin, il se retrouve à son tour attiré par une spirale de violence, cherchant dans des idéologies radicales un semblant de réconfort et de structure.

Familia explore ainsi le poids de l’héritage familial, questionne la reproduction des schémas destructeurs et laisse entrevoir une lueur d’espoir : celle d’une possible émancipation.

Ce film poignant a clôturé la 37e édition des « Rencontres du cinéma de Gérardmer » qui, une fois de plus, a présenté une affiche exceptionnelle avec la présence journalière de nombreuses équipes de films, des milliers de spectateurs répartis sur les 5 jours de projections et une équipe organisatrice sans faille. Le clap de fin a été réalisé ce vendredi 04 avril et les fidèles cinéphiles sont déjà en attente de la prochaine édition

Distinctions :

Prix de la meilleure interprétation masculine - Festival de Venise 2024 - Orizzonti

Prix du public et mention spéciale du jury - Festival du film italien de Villerupt 2024

Prix du jury et meilleur jeune acteur- Rencontres du cinéma italien de Toulouse 2024

Rédaction : Alain reynders

Photos : Captures d'écrans du film "Familia" de Francesco Costabile