Vosges - La colère du monde agricole (suite)
- actuvosges88
- 25 janv.
- 4 min de lecture
Avant de relater les témoignages d’agriculteurs vosgiens, face à la crise actuelle qui secoue le monde paysan, terminons notre tour d’horizon des principaux syndicats d’agriculteurs de France.

De gauche à droite Serge Couval, son fils Albin et Hervé Petitjean (Photo JCB)
Confédération paysanne

« Une personnalité marquante, en son temps, du monde agricole, José Bové, a été l’un des co-fondateurs de la Confédération paysanne. Ce syndicat est, depuis 1987, un acteur majeur du syndicalisme agricole français qui porte des valeurs de solidarité et de partage. Le projet pour une agriculture paysanne qu'elle défend avec constance depuis sa création est cohérent et global. Il intègre pleinement les dimensions sociales, agronomiques et environnementales dans la production agricole. C'est une alternative réaliste à un modèle d'agriculture industrielle qui élimine trop de paysans et de structures agricoles diversifiées. La Confédération paysanne dénonce la course effrénée à la compétitivité qui mène à la disparition de filières entières de production : « Nous ne serons jamais assez compétitifs vis-à-vis de pays qui ne s'embarrassent ni de règles sociales ni de respect de l'environnement ».

José Bové, lors de son passage à Gérardmer, s'est dit très préoccupé pour le monde agricole (Photo Alain Reynders)
La Confédération paysanne combat un modèle agricole qui conduit à la domination économique de quelques structures hyperproductives et hyperconcentrées, tout comme elle s'oppose à une vision de l'agriculture « paysagère » ou de loisir. Les paysans ont une mission qu'ils sont les seuls à pouvoir remplir : nourrir les hommes. Leur travail a une valeur et doit leur assurer un revenu juste. La Confédération paysanne se bat pour offrir, à tous, un autre avenir ! « Dessine-moi un avenir », ce slogan, inséré dans un dessin du Petit Prince de Saint-Exupéry, a donné le logo et le sens de l'appel des Assises paysannes qui avaient rassemblé 15 000 paysans au cours de l'hiver 1986. Ces assises étaient organisées conjointement par la FNSP (Fédération nationale des syndicats paysans) et la CNSTP (Confédération nationale des syndicats de travailleurs paysans) avec le soutien de personnalités du monde agricole. Elles avaient pour objectif de donner un espace d'expression aux paysans opposés à la politique agricole productiviste et éliminatoire prônée par la FNSEA et le CNJA (Centre national des jeunes agriculteurs) ». Source : site internet de la Confédération paysanne.
NDLR : précisons qu’en trente ans le nombre d’agriculteurs en France a été divisé par trois, passant de 1,2 million de paysans à 400 000 aujourd’hui.
Les témoignages d’agriculteurs Vosgiens
Pour en savoir plus sur cette crise qui secoue le monde agricole, nous avons rencontré les trois associés du GAEC du Petit Val installé au lieudit Olichamp à quelques kilomètres de Remiremont : Serge Couval, son fils Albin et Hervé Petitjean. L’exploitation compte 220 animaux, dont 80 vaches laitières. Comme au moins 30 agriculteurs de notre département, ils seront impactés par la décision du groupe laitier Lactalis de réduire sa collecte de lait de 9 % à l’horizon 2030 soit une réduction de 450 millions de litres de lait. Lactalis est le leader mondial (28,6 %) devant Dory Farmer of America (24,5 %), Nestlé (23,3 %) et Danone (21,2 %). Précisons que Lactalis fut créé en 1933 par André Besnier et que le groupe a collecté 22,6 milliards de litres de lait dans le monde en 2023.
Ce n’est pas la première fois que nous rencontrons ces agriculteurs du secteur de Remiremont : un article en 2018 titré « Les oubliés de la sécheresse » et en juillet 2020 l’article titré « Le bon lait vosgien ». Pour l’heure, ils n’ont reçu qu’un coup de téléphone de l’un des responsables de Lactalis, mais pas de courrier officiel. Le député de notre circonscription, Christophe Naegelen, a pris soin de leur téléphoner pour leur apporter tout son soutien. Concernant le « Mercosur, » nos interlocuteurs pensent que c’est plutôt le marché de la viande bovine qui impactera la France. D’après eux, les pays du Mercosur envisagent de doubler à terme leur production de viande en construisant d’énormes fermes industrielles pour de l’élevage intensif.
NDLR : le “marché commun du Sud”, ou Mercosur, est un espace de libre circulation des biens et des services en Amérique latine. Il regroupe cinq pays : l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie. La Bolivie y a adhéré mi-2024 et dispose de plusieurs années pour adopter les règles du Mercosur, tandis que le Venezuela en a été suspendu en
2016 pour des raisons liées à des violations de droits de l’homme et à des crises politiques internes. Le Chili, la Colombie, l’Équateur, le Guyana, le Pérou et le Surinam sont des membres associés au Mercosur. Destiné à libéraliser les échanges entre l’UE et cinq pays d’Amérique latine, le traité commercial avec le Mercosur a été signé le 6 décembre 2024. Il doit encore être ratifié avant d’entrer en application.
Comme dans bon nombre de secteurs, les agriculteurs se plaignent des normes étouffantes imposées par les instances de l’U.E. La grande question reste que les pays du Mercosur ne sont pas pénalisés par toutes ces normes dont un grand nombre est bien discutable. Pour l’heure, nos interlocuteurs, avec leur production d’environ 500 000 litres de lait par an disposent de deux ans pour réfléchir à quel avenir donner à leur exploitation. Le Bio ne faisant plus recette, ils envisagent tout simplement de changer de stratégie (le GAEC du Petit Val est labellisé BIO depuis 2016.) car les contraintes et les coûts de revient ne sont plus en rapport avec le gain escompté.
Le lien pour le premier article : https://www.actuvosges.fr/post/vosges-la-colère-du-monde-agricole
J.C Bigorne
Comments