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Saint-Nabord : Clémence Beretta ne lâche rien…

On peut l’affirmer, sans prendre le moindre risque : peu importe le statut, Clémence est une athlète d’exception.

Une athlète qui mérite d'être soutenue ( Photo Amaury Mathieu)

C’est une sportive épanouie et souriante qui a accepté cet interview. Elle s’est confiée sans retenue, avec gentillesse et a affiché cette détermination que seuls les grands sportifs possèdent.

L’adversité est parfois moins tortueuse à gérer sur la piste que celle démontrée par les instances fédérales qui, à coup de décisions frôlant parfois le ridicule, déstabilisent les athlètes prometteurs. Clémence l’a appris à ses dépens et a décidé de donner la réponse sur le terrain.

L’athlétisme dans l’ADN :

Son papa, Pierre Beretta est ce charismatique président du Club d’athlétisme de Remiremont et c’est donc assez naturellement, que, dès ses 9 ans, Clémence a commencé à courir et à explorer différentes disciplines, même le lancer.

Elle a aussi été relativement performante en course à pied avant de tenter, un peu par jeu (rappelons qu’elle est encore toute jeune) la marche dite athlétique. Cette discipline, à ce moment, n’est pas encore très en vogue chez les toutes jeunes. Assez rapidement Clémence a engrangé des victoires et des trophées avant de décrocher la deuxième place au Championnat des Vosges, chez les benjamines. « Quand on est gamine, ce type de récompense, cela compte et aussi peut servir de déclic. A ce moment, je me suis dit : pourquoi ne pas continuer dans la marche et voir où cela va me conduire » a précisé la jeune femme. A partir de là, l’aventure a commencé avec les résultats qu’on lui connaît.

Après le lycée, Clémence a persisté dans la marche athlétique et s’est aussi vite rendu compte que sa formation en course à pied va lui être très utile.

(Photo Clémence Beretta)

Le statut d’athlète de haut niveau sur la sellette

A force de travail et de performances, elle obtiendra le statut d’athlète de haut niveau (ce qui entend l’octroi de facilités pour s’entraîner) avant de le perdre, de façon incompréhensible, en 2021 alors qu’elle venait de battre, que dis-je, exploser le record de France en 10.000 mètres. On ne s’étendra pas plus sur cette bouffonnerie de l’agence nationale du sport (ANS), qui a déjà fait couler beaucoup d’encre en faveur de la sportive vosgienne. Même le député des Vosges Christophe Naegelen s’est insurgé, officiellement, contre cette décision.

Rebondir pour se remettre en marche

Elle qui visait les jeux Olympiques de 2024, a dû, dans l’urgence trouver un plan « B » pour se donner les moyens de ses légitimes ambitions. Dans cette remise en question, les bonnes ondes telluriques des Vosges auront un rôle d’importance à jouer. Clémence a décidé de se reconstruire psychiquement sur ses terres qu’elle affectionne. C’est chez ses parents installés, sur un des contreforts de Saint-Nabord, qui dévoile une vue magnifique de la vallée de la Moselle en direction de Remiremont « la coquette », que la « marcheuse » a trouvé refuge.

Lorsqu’on lui a demandé quel effet avait ce retour en Vosges, la réponse ne s’est pas faite attendre : « Ah mais c’est génial. Ici je me sens bien, apaisée, épanouie, entourée et cela me convient parfaitement»

Une nouvelle organisation à trouver et des compétitions qui se profilent

Grâce à sa débrouillardise, à son entourage et à l’aide de deux mécènes de la région, la sportive a repris, de plus belle, ses entrainements et cette reconquête, notamment, mentale.

Il y a peu, elle a appris qu’elle venait d’être sélectionnée pour la Coupe du monde à Muscat au Sultanat d’Oman . Même si elle sait qu’elle ne concourra, certainement pas, pour la première place, elle a considéré cette compétition comme une première étape dans son planning et pour le reste, on ne sait jamais…

« Normalement cette compétition aurait dû se dérouler en mai. Elle a été avancée suite aux différents chamboulements du calendrier à cause de la covid. Le fait que cela arrive plus tôt dans la saison, ne m’arrange pas trop, par rapport à mon pic de forme. A cela s’ajoute le long déplacement jusqu’au sultanat, la chaleur. Je sais que ce passage sera important pour les semaines qui suivront et donc je me prépare aussi mentalement à gérer cette étape." a-t-elle précisé avec lucidité.

Rappelons qu’en 2021, l’athlète a été sacrée Championne de France Elite du 10 000 m marche + record de France (44’47’’78) en juin 2021 et qu’en octobre c’est un nouveau titre national qu’elle est allée chercher sur le 20 km marche (distance olympique). Ces victoires et titres s'ajoutant à la longue liste qui a précédé ces résultats.



Des objectifs bien ciblés

Clémence aimerait atteindre le cap d’1 heure 31' ou obtenir une bonne place au ranking mondial pour participer aux 18e Championnats du Monde aux USA (à Eugene dans l’Orégon) à la mi-juillet. A ce jour, elle doit encore gagner plus ou moins 2 minutes sur son temps de référence.

Le Championnat d’Europe au stade olympique de Munich (du 6 au 11 août) est aussi un objectif de l’athlète vosgienne. Le temps à obtenir est de 1 heure 32 ‘ 30’’, ce qui est plus abordable.

Début février 2022 elle a déjà participé au Championnat national de Vittel où elle a remporté le 3.000 m en salle. Sans jeu de mot hasardeux, la voici, certainement, en marche vers son destin.

(Photo Clémence Beretta)

Des entrainements supervisés à distance par un grand nom de l’athlétisme

Toutes ses séances de préparation sont suivies, analysées par Gérard Lelièvre grand sportif français en marche athlétique (58 sélections en équipe de France A, 30 titres de Champion de France, Champion du Monde en salle…) avec qui elle est en contact chaque jour. Grâce à sa montre connectée, le coach reçoit toutes les données lui permettant d’ajuster les entrainements et la façon de les aborder. Pour la compétition à venir Clémence court 100 kilomètres par semaine et en alternance entre des séances de forte intensité et d’autres dites de « récupération ». Tout cela sous l’œil affuté de papa Pierre Beretta, qui n’est jamais très loin.

(Photo Gettyimages - Aude Alcover)

Très souvent les amateurs de sport ont l'occasion de croiser Clémence

Ses entraînements l’ont souvent conduite sur la Voie verte, sur les chemins de Saint-Nabord et Remiremont ainsi que sur la piste d’athlétisme de la cité des abbesses ou encore au stade des Perrey de Saint-Nabord. Elle s’est aussi installée une petite salle de musculation à domicile avec l’aide du Décathlon Épinal. Rien n’a été laissé au hasard et la jeune fille répète ses gammes avec assiduité.

« Régulièrement, sur la voie verte ou ailleurs dans la région de Saint-Nabord, je croise des sportifs amateurs. Forcément, certains me reconnaissent et me lancent des encouragements ou des bonjours amicaux en prononçant mon prénom. C’est amusant et vraiment sympa" a ajouté Clémence


(Photo Clémence Beretta)

L'espoir de convaincre aussi des entreprises locales

Actuellement, la sportive a trouvé de quoi subsister financièrement. Elle a été aidée par la Caisse d’Épargne du Grand Est et aussi par le décathlon d’Épinal. Pour le reste, on ne se bouscule pas au portillon.

« J’espère que les choses changeront un peu et que les grandes entreprises vosgiennes auront à cœur de soutenir une enfant du pays. »

En attendant la jeune femme, habile de ses mains et à l’esprit créatif, a lancé une activité avec le professionnalisme qu’on lui connaît. Sous son impulsion « yogisens » est né et s’est destiné à la fabrication de bougies végétales, un subtil alliage entre aromathérapie et lithothérapie. Actuvosges reviendra, prochainement, sur ce sujet.

A partir de mars, Clémence foulera, à nouveau, les pistes internationales avec un soutien certain et indéfectible : celui de toutes les Vosges.

Alain Reynders

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