Gérardmer - Claude Vanony, 90 ans, 70 ans de scène, et toujours l'Empereur du rire vosgien

Il y a des artistes dont la présence seule donne le sourire. À 90 ans, Claude Vanony appartient à cette trempe-là : un monument de l’humour vosgien, une figure populaire qui a traversé les générations sans jamais perdre le goût de faire rire. Ce week-end à Gérardmer, l’Espace L.A.C. était son théâtre d’anniversaire. Et quelle fête ! Deux représentations, deux salles pleines à craquer, près de 740 personnes à chaque fois… et une énergie qui ferait pâlir bien des plus jeunes.

Un recordman de longévité… juste devant Popeck

Soixante-dix ans de carrière, ça ne s’invente pas. Vanony, c’est un recordman discret mais bien réel : sept décennies passées à offrir au public cet humour au parfum de sapin, cette gouaille au fort accent vosgien qui a fait sa marque. Même l’Olympia n’a pas résisté à son charme rural : il s’y est produit plusieurs fois, preuve qu’un “Ptit Vosgien”, comme il aime à le dire, peut conquérir bien plus que les vallées d’ici.

Mais malgré Paris, malgré les tournées, c’est dans ses Vosges natales que son cœur bat le plus fort. Et ce week-end, Gérardmer l’a bien compris.

Deux soirs, deux triomphes

“Moi, je baigne dans la joie”, confiait-il avant de monter sur scène. Pas d’appréhension, pas d’angoisse. À 90 ans, Vanony préfère savourer : « Il est trop tard pour se faire du mouron. On y va. On y va. »

Et il y est allé, avec une générosité intacte.

Accompagné de son complice de toujours, Dominique Walter, il a offert un spectacle mêlant chansons, sketches cultes et nouveautés. Lagrasse peau de vache – son costume emblématique – était bien sûr de sortie, tout comme son légendaire personnage de paysan vosgien, tendre et malicieux. Les rires ont fusé, les applaudissements aussi. Certaines répliques sont connues par cœur, mais font toujours mouche. D’autres, inédites, ont surpris avec bonheur.

Le public, composé de Gérômois et de spectateurs venus de tout le département, ne s’y est pas trompé : deux evenings à guichets fermés, deux ovations, et une ambiance dont seul Vanony a le secret, mélange de complicité, de nostalgie et d’improvisations savoureuses.

« La scène, c’est mon médicament »

Quand il parle de sa carrière, le ton se fait plus doux, presque intime :« C’est ma vie à moi. C’est mon médicament. Si je n’avais plus la scène, je ne saurais plus quoi faire. » Et la santé, dit-il en riant, “ça va : pas de lunettes, pas d'appareil dentaire ni auditif, pas de souci pour marcher… alors !”

L’homme se rappelle avec simplicité ses débuts, à 20 ans, puis cette passion qui n’a jamais faibli. Déjà enfant, il chantait pour ses parents et ses instituteurs. Pendant son service militaire, il se faisait remarquer pour ses facéties. De là aux disques d’or, il n’y a eu que de la persévérance… et beaucoup de talent.

Une identité vosgienne, un héritage vivant

Claude Vanony, c’est plus qu’un humoriste : c’est une part de l’identité vosgienne. Une voix reconnaissable entre mille, une manière de raconter la vie du pays qui touche aussi bien les anciens que les plus jeunes. Sa popularité ne faiblit pas, au contraire : il rassemble, fédère, transmet.

Le voir fêter ses 90 ans sur scène, chez lui, était un symbole. La preuve que le temps n’a pas d’emprise sur la passion ni sur l’amour d’un public fidèle.

Et si cette soirée devait être unique, le public en a décidé autrement. Devant l’engouement, l’unique représentation s’est transformée en deux rendez-vous mémorables, deux parenthèses de rire pur, de chansons et de partage.

Un anniversaire à son image : simple, chaleureux, inoubliable

Entre deux éclats de rire, Vanony a soufflé ses bougies comme on célèbre une vie bien remplie : entouré des siens, dans une salle comble, porté par une affection qui ne s’invente pas. Ses 90 ans auraient pu être fêtés tranquillement, dans la discrétion. Mais ce serait mal connaître Claude Vanony.

Il voulait les fêter sur scène.Avec son public.Chez lui, dans les Vosges. Et il l’a fait, en maître, avec la même malice qu’à ses 20 ans.

Une légende ? Oui.Un monument ? Aussi.Mais surtout : un homme qui, après 70 ans de scène, continue d’offrir le plus beau des cadeaux : le rire.

Rédaction : Alain Reynders

Photos : Alain Reynders et "Toutes les Vosges" (captures d'écran)

Lien vidéo de "Toutes les Vosges" : https://youtu.be/aYI9ZKBo03o?si=EW8Q6iHS0Axe2jMB