Cet article fait suite à la présentation de la récente BD du scénariste vosgien Bertrand Munier consacrée aux Présidents de la République française et à l’Elysée.
La page de couverture du Livre de Bernard Munier - Francis Carin - Didier Chardez
Vincent Auriol, Président de la République, en visite officielle dans les Vosges... et le train tombe en panne !
Le Président Vincent Auriol (Photo JCB)
Le 20 juillet 1952, la locomotive 140 C 65 tombe en panne en tractant le train présidentiel ! La locomotive 140 C 65 titulaire du dépôt de Mirecourt, fut choisie et préparée durant une semaine au dépôt d’Épinal. Parée de tous ces atours: cocardes, drapeaux tricolores, jantes de roues en blanc, peinture reluisante, elle s’attela en tête du train spécial à bord duquel le Président Vincent Auriol avait pris place en vue de se rendre à St Dié par la ligne 18. Une plaque d’identification « Épinal » remplaça celle de Mirecourt le temps du trajet, de plus l’équipe de conduite titulaire de la machine dut céder sa place à une équipe du dépôt d’Épinal. Malheureusement les cheminots spinaliens ne connaissaient pas la machine et ses subtilités de roulement. Le mécanicien, par excès de précaution tant la pression était grande de mener à bon port (St Dié) le train présidentiel satura d’eau la chaudière au départ d’Épinal. Le train démarra bien à l’heure, 13H10, mais rapidement au cours du trajet, l’eau entra dans les cylindres de la locomotive nécessitant l’ouverture des purgeurs. Très rapidement la locomotive perdit de la vitesse jusqu’à finalement s’arrêter en gare de Lépanges-sur-Vologne. Il fallu, en catastrophe faire venir une locomotive de St Dié pour parer à la défaillance de la 140 C 65. Alors que le mécanicien s’apprêtait à être sanctionné pour faute professionnelle, le Président Auriol demanda instamment au Président de la SNCF de ne punir en aucun cas l’équipe de conduite, estimant qu’elle avait fait de son mieux. Finalement le train présidentiel arriva en gare de Saint-Dié avec seulement 40 minutes de retard ! Après cette ville, où il remettra plusieurs décorations, il passera à Remiremont, où sera inaugurée la foire-exposition coloniale.
La locomotive "présidentielle" qui tomba en panne en 1952 (photo JCB)
Paul Doumer, Président de la République, professeur de mathématiques à Remiremont
Chaque matin, en 1882, un homme sort de l’immeuble vosgien de Remiremont, portant le numéro 13 de la rue Baugru, et se dirige vers la rue de la Courtine. Il est de taille moyenne, mince, marche du pas vif des chasseurs à pied et porte une serviette sous le bras. C’est Paul Doumer, licencié ès sciences, professeur de mathématiques au collège de garçons de la ville, âgé de 25 ans et père de deux enfants. Il est nommé dans la cité des Chanoinesses trois ans auparavant après avoir débuté dans le professorat au collège de Mende dès l’âge de 20 ans. Pourtant, c’est un Auvergnat où son père est cheminot de la compagnie Paris-Orléans. Très jeune, il apprend le métier de graveur pour aider sa famille. Préparant seul son baccalauréat, il obtient une licence de mathématiques et une licence en droit tout en continuant son travail avant d’embrasser définitivement le métier d’enseignant. Le collège romarimontain est d’ailleurs le dernier établissement où professe Paul Doumer.
Le Président Paul Doumer (Photo JCB)
Dès son départ des Vosges pour Laon, c’est l’ascension rapide vers les cimes de la politique ; député, ministre, gouverneur général de l’Indochine, président de la Chambre des députés, président du Sénat. Devenu président de la République le 13 juin 1931 à la suite de Gaston Doumergue, c’est comme tel que, le 6 mai 1932, sa destinée se trouve tragiquement fauché par la main criminelle d’un Russe. Paul Doumer vient d’inaugurer la vente annuelle des écrivains anciens combattants. Son assassin se nomme Gorguloff, un émigré de trente-sept ans installé à Monaco. Le sicaire est décapité à la prison de la Santé. Le fauteuil élyséen du président Doumer revient à un Lorrain, natif de Mercy-le-Haut (54), Albert Lebrun. Une vie fertile en événement, souvent douloureuse pour ce professeur vosgien. Père de huit enfants, il est frappé cruellement dans ses affections personnelles. La Grande Guerre lui enlève trois de ses fils, tués au combat ; et un quatrième meurt d’une maladie contractée aux armées.
Ce dernier fils se nomme Armand Doumer né en 1890 et qui trouve la mort au Val d’Ajol dans les Vosges le 4 août 1923 à l’âge de 32 ans… à la suite d’une maladie contractée durant la Première Guerre mondiale. Son nom est répertorié sur le Monument aux morts du Val d’Ajol et il est enterré au cimetière ajolais.
Quelques Présidents dans les Vosges…
François Mitterrand (alors ministre des Anciens Combattants) pose la première pierre de la nouvelle école des Xettes à Gérardmer en 1948. Tous les autres interviennent au titre de Président de la République… Raymond Poincaré reconnaît le nouvel état de Tchécoslovaquie à Darney en 1918. Albert Lebrun inaugure le Tunnel de Lusse en 1937. Il est imité par Valéry Giscard d’Estaing pour celui de Maurice Lemaire en 1976. François Mitterrand préside le sommet franco-africain à Vittel en 1983, tandis que Jacques Chirac en fait de même mais pour celui franco-allemand à Vittel en 2000.
J.C Bigorne
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