Actuellement, il ne se passe pas jour sans que l’actualité ne relate la révolte des agriculteurs de France avec leurs cortèges de tracteurs, remorques chargées de fumier ou de vieux pneus.

Hervé Petitjean et Serge Couval du GAEC le Petit Val d’Olichamp près de Remiremont (Photo JCB)
Les organisations syndicales des agriculteurs
Il existe en France cinq syndicats agricoles généralistes principaux. Le pourcentage des voix aux élections des chambres d'agriculture fixe la représentativité des syndicats agricoles : fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA, 1946) ~212 000 membres - Jeunes Agriculteurs (JA, ex-CNJA, 1957 ~ 50 000 membres (en 2012) - Coordination rurale (CR, 1992) ~15 000 membres - Confédération paysanne (1987-) ~10 000 membres - Mouvement de défense des exploitants familiaux (MODEF, 1959), quelques milliers. Présentement, c’est principalement le Coordination rurale qui manifeste dans les grandes villes et bien entendu à Paris. Quelques mots à propos de ces organisations syndicales avant de relater le témoignage d’agriculteurs vosgiens :
FNSEA :

Fondée en 1946, la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles, premier syndicat agricole français, rassemble l’ensemble des productions de toutes les régions. Avec 31 associations spécialisées (Céréales, lait, viandes, fruits et légumes, etc.) et plus de 212 000 adhérents, elle se bat pour accompagner les paysans Français dans leurs projets et trouver des solutions à leurs difficultés quelle que soit la taille de leur exploitation, leur mode de production, leurs signes de qualité ou circuits de commercialisation (circuits courts, restauration, exportation…). Les chiffres clé : 212 000 adhérents - 20 000 syndicats locaux - 12 fédérations régionales - 95 fédérations départementales - 31 associations spécialisées - 835 000 entreprises - 3,4 millions d’emplois dont 1,2 million dans l’agriculture
Jeunes Agriculteurs (création en 1957) :

Est le seul syndicat agricole entièrement dédié à la cause des jeunes. Apolitique et indépendant, il est représenté sur l’ensemble du territoire par des agriculteurs âgés de moins de 38 ans. Fort de 14 structures régionales et 95 structures départementales, le syndicat valorise toutes les régions agricoles et tous les secteurs de production en France. Jeunes Agriculteurs défend une vision de l’agriculture familiale, où les agriculteurs prennent leurs décisions de façon indépendante et autonome et où se développent des exploitations viables, vivables et transmissibles. Jeunes Agriculteurs œuvre pour que demain, les agriculteurs soient nombreux, les territoires vivants et que notre alimentation ait du sens. La vocation de Jeunes Agriculteurs est d’assurer le renouvellement des générations en agriculture en facilitant les conditions d’accès au métier et en assurant des perspectives de long terme pour les jeunes qui s’installent.
Coordination Rurale :

Un dimanche de novembre 1991, trois agriculteurs, Jean-Paul Couvreur, Philippe Arnaud et Jacques Laigneau, se sont réunis dans le Gers pour réfléchir sur les conséquences de la réforme de la PAC. Ils n’espèrent plus rien de la FNSEA qui, après avoir manifesté dans Paris pour dire la détresse du monde agricole, laissait entrer 3 jours plus tard, en France, des vaches polonaises sans réagir et commençait à dire aux agriculteurs qu’il fallait « s’adapter, diversifier et relever le défi ». Double jeu qu’elle n’a jamais cessé depuis. Sûrs que cette PAC serait catastrophique, ils décident de tenter le tout pour le tout et d’essayer de soulever l’ensemble de la ruralité, paysans, artisans et commerçants contre la PAC 92. Le 2 décembre 1991, une quarantaine d’agriculteurs tiennent la réunion constitutive de la Coordination Rurale qui apparaît, pour la première fois, à L’Isle Jourdain, dans le Gers et adopte la forme associative loi 1901. « Tous unis contre la PAC 92 » sont les mots d’ordre qui, bientôt, rassemblent autour de Jacques Laigneau tous ceux qui ne veulent plus se résigner à un système corrompu, caractérisé par une absence de maîtrise des marchés et par des prix désespérément bas. Les fondateurs pressentaient que la baisse des prix compensée partiellement par des primes était une atteinte à la dignité des paysans qui passeraient pour des assistés qui coûtent cher. « Avec les primes, on nous mènera par le bout du nez… L’ouverture des frontières va nous ruiner. La baisse des prix est le principal facteur d’appauvrissement, donc de l’élimination des agriculteurs ». Les événements leur ont hélas donné raison et la PAC 92 produit, encore aujourd’hui ces effets délétères. En 1995, après avoir tendu la main à tous les acteurs de la ruralité, d’où le nom de "Coordination Rurale", la CR s’est transformée en syndicat, car elle ne pouvait pas abandonner les agriculteurs qui lui avaient fait confiance. Elle ne pouvait admettre la trahison des syndicats existants. Depuis, la CR est devenue un syndicat représentatif, force de propositions, qui contribue à faire respecter la liberté et la dignité des paysans !

(Photo Alain Reynders)
La suite dans notre prochaine édition avec le syndicat de la Confédération paysanne et les témoignages d’agriculteurs vosgiens.
Jean-Claude Bigorne
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