Il y a quelques jours, la Commission Forêt de la Municipalité s'est rendue sur le terrain sous le patronage de l’ONF. Conviés par Philippe Michel, technicien forestier et Cédric Babel, adjoint à la forêt, ils ont été initiés à une séance de sensibilisation au martelage en compagnie d’une petite cohorte d‘agents rompus à l’exercice, diserts et pédagogues de surcroît!
Suite d'une opération déroulée il y 10 ans
La dernière inspection de la section 37 (le Pré Villaume, sous Grande Faigne) située sur les hauts de Longuet, remontait il y a une dizaine d’années. C’est en moyenne l’espace qui sépare un martelage d'un l’autre.
Le martelage - explications :
L’opération consiste à repérer et à marquer d’un trait rouge les arbres qui seront abattus en fin d’année, en l’occurrence l’automne et l’hiver 2023-2024.
La sélection et le martelage des arbres sont des étapes déterminantes dans la réalisation des les travaux de coupes partielles où le martelage est requis. Ces activités sont aussi nécessaires pour tous les travaux de coupes partielles prescrits par un ingénieur forestier. Suivant l’écheveau d’une battue, chaque agent file sa ligne, armé d’un marteau et d’un compas de forestier, les yeux fixés vers le houppier des arbres, il détermine chacun de ses choix en relevant sur son smartphone l’essence et le diamètre de chaque spécimen ciblé.
Une superficie de 12.6 ha à marquer
La section 37 recouvre 12,6 hectares de sols variés, très humides vers la partie supérieure, pentus par endroits et qui se révèlent avoir été occupés jadis par une ferme; les murets de pierres sèches attestent encore la présence d’un pâturage ancestral. La forêt qui a depuis repris ses droits est fort diversifiée dans cette section où se côtoient chênes, hêtres, frênes et autres sapins et épicéas. L’objet du jour était notamment de surveiller la population de pins sylvestres qui prédominent sur l’une des parcelles de cette section. Espèce recherchant la lumière, le pin peut à terme, se faire supplanter dans sa croissance par le hêtre qui est une espèce d’ombre.
C’est aussi l’occasion de surveiller la régénération naturelle de l’espèce, de quantifier les dégradations liées aux aléas climatiques (vent, neige ou sécheresse) et ainsi d’extrapoler sur le devenir de la parcelle pour les décennies et les générations à venir. Chaque fût marqué est destiné à la coupe et selon ses spécificités (dimensions, qualité de sa fibre ...) vendu comme bois de construction ou de chauffage.
Le marteleur, garant du patrimoine forestier
Mais hormis la coupe et l’entretien d’un domaine productif, le marteleur est aussi le garant d’un patrimoine. À chaque pas, il garde en tête que la forêt est un milieu vivant partagé. Entre ceux qui au quotidien l’exploitent, la parcourent, s’y nourrissent et s’y régénèrent, chaque arbre a sa fonction qu’il soit vivant ou mort.
Pour ce faire, il va donc sélectionner les spécimens réservés (les « bio » dans le jargon ) en les marquant d’un triangle rouge, la pointe tournée vers le bas. Relevés, un à un dans la base de données, ces arbres sont identifiés et inscrits le temps de leur existence comme intouchables ! Vous repérerez peut-être ainsi au détour d’un chemin ce Douglas à la stature remarquable appelé à traverser les siècles ou alors ce sapin blanc couché de tout son long dans les fougères. Bio vivant, bio mort ! Pour l’œil admiratif du promeneur ou le bonheur du pivert, chaque arbre compte. Quel travail admirable que celui du marteleur ! Armé de ses compétences techniques de forestier, il doit aussi ce jour-là laisser libre cours à toute son empathie pour le vivant et à y apporter sa touche de sensibilité personnelle !
(Reproduction du texte de Didier Begel, Conseiller et membre de la commission Forêt)
Photos Pascale Naulin
Mise en page Alain Reynders
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