Que de monde, que de monde pour accueillir Nicolas Mathieu à la librairie Quai des mots à Epinal. Plus de 120 personnes se sont faufilées dans la librairie.
Une entrée discrète parmi la foule
Il aurait fallu pousser des murs tant les amateurs de livres se sont pressés pour voir, écouter, dialoguer avec cet écrivain spinalien, prix Goncourt 2018.
La sortie de son ouvrage « Connemara » qui a suivi son best seller "Leurs enfants après eux » a fait déplacer la foule. Lorsqu’il est arrivé, Nicolas a été surpris par la file qui s’était formée dans le magasin et qui avançait petit à petit vers le fond de la librairie.
Toujours aussi humble, l’écrivain est resté sagement dans le long rang et a suivi ce mouvement linéaire et lent jusqu’à la salle arrière où il a été accueilli par les responsables des lieux et par Sabine Lesur, l’intervieweuse du jour.
Sabine Lesur et Nicolas Mathieu face aux lecteurs venus nombreux (Photo Alain Reynders)
Un échange complice avec les lecteurs
Il a pris place face à son public et la conférence a pu débuter devant plus d’une centaine de lecteurs. Il s’est prêté, avec malice et amusement, au jeu de l’interview et a répondu, avec gentillesse, humour et bienveillance à chaque question, découvrant çà et là quelques confidences sur le livre, l’auteur et sa vie.
Il a précisé que Connemara a été son 3 ème « vrai » roman, puis a confié que la période "d’après Goncourt" lui a fait prendre 15 kilos, tant les invitations et dédicaces ont été nombreuses.
« L’obtention de ce prix c’est un peu comme un rapt. Vous êtes happé, dès ce jour et propulsé dans une autre vie. Vous passez, soudainement, de 15.000 à 150.000 lecteurs . J’ai été dans l’incapacité d’écrire durant toute cette infernale tournée, d’autant que ma volonté a été de rester disponible pour les lecteurs et partager ce prix avec eux » a-t-il expliqué
Nicolas a beaucoup échangé avec le public (Photo Alain Reynders)
Un confinement salutaire
Finalement, pour Nicolas Mathieu la pandémie et le confinement lui ont permis d’enrayer cette spirale et l'ont recentré sur ce qu’il a toujours aimé faire : écrire.
Nicolas a fonctionné par thème, par motif et a aimé se demander ce que la société actuelle nous vend comme «cursus honorum ». Qu’est-ce qu’une vie réussie ? A la quarantaine sonnée, c’est souvent cette remise en question qui revient . Et ce sera précisément le cas de son héroïne, Hélène, qui après avoir vécu un burn out a décidé de retourner dans la ville de son adolescence, proche d’Épinal (certains y auraient reconnu Golbey), avant de rencontrer, fortuitement, une personne qui a beaucoup compté pour elle lorsqu’elle était plus jeune.
"Une histoire simple, somme toute, mais pas simpliste" a précisé l'écrivain.
Le "Grand Est" comme toile de fond et des lieux familiers.
En ce qui concerne les lieux décrits, Nicolas a confié qu’effectivement il s’est inspiré d’endroits qu’il connaît bien, mais pas seulement.
« La ville décrite, n’est pas forcément Golbey. Pour un auteur, il est important que ce soit un peu différent et que les détails géographiques brouillent, quelque peu, les pistes. Il y a des écarts volontaires avec la réalité pour, précisément, préserver la fiction et laisser une part de liberté dans le récit . Par exemple, j’évoque la rue des Murmures. Or, celle-ci n’existe pas sur cette localité. Par contre, on la retrouve à Epinal. Dans ce livre, on ne cesse pas de circuler de ville en ville et c’est voulu. J’ai eu la volonté de jouer sur le rythme »
Lecture d'un petit extrait de Connemara par Nicols Mathieu (Photo Alain Reynders)
Une réflexion sur le temps qui s'égrène?
Souvent, durant ces échanges, les lecteurs ont précisé que, les héros du roman, sont des gens ordinaires auxquels ils se sont identifiés. Que cette mélancolie « douce-amère » qui en ressort les a replongés dans leurs souvenirs et dans la réflexion sur le temps qui s’égrène peu à peu.
« C’est exact, il s’agit d’une lente hémorragie du temps. Et on se rappelle que la jeunesse est un temps où l'on pense que tout est possible. »
Nicolas a aussi fait rire l’assistance lorsqu’il a précisé que comme ses héros il a testé avec curiosité et amusement certains site de rencontre bien connus.
« C’est toujours mieux de savoir ce dont on parle dans un livre. Et comme dans tout, il y a du bon et moins bon » a-t-il précisé sur un air volontairement aguicheur .
Des dédicaces qui se sont prolongées
(Photo Alain Reynders)
(Photo Alain Reynders)
(Photo Alain Reynders)
Au terme de ces échanges agréables, Nicolas Mathieu a sacrifié à la très longue séance de dédicaces et de rencontres personnalisées avec chacun dont parmi eux de nombreuses connaissances spinaliennes et régionales.
"Connemara", un livre à découvrir et publié chez Actes Sud
Alain Reynders
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