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Eloyes – Les loyas réunis, pour se souvenir de la libération de leur ville

Le devoir de mémoire : « Une chose à rappeler, chaque fois, pour ne pas oublier et ne plus reproduire l'innomable » a, encore dit, l’an dernier Pierre Mathieu, aujourd’hui disparu.


Eloyes, libérée le 23 septembre 1944, du joug Allemand.

Devant le monument aux morts, les loyas se sont rassemblées sur la place et sur ses pourtours. Ils ont été une petite centaine à soutenir, par leur présence, la mémoire de tous ceux tombés pour la France et plus précisément, cette fois, ceux tombés à Eloyes et environ.


Les loyas recueillis lors de cette cérémonie

Une cérémonie soutenue en musique par « Les Sans Pistons »

"Les Sans Pistons" d’Eloyes ont apporté leur concours pour s’accorder en musique aux discours et pour jouer tant les hymnes des pays (France et États-Unis) , que le chant de la 2e DB.


Les "Sans Pistons "


Jean-Pierre Schmaltz en "maître de cérémonie"



Sous la houlette de Jean-Pierre Schmaltz, la cérémonie s’est déroulé sur une place ceinte d’authentiques Jeep Willys, d’époque et en présence de sosies de soldats américains en tenue et faisant partie de l’US Memory Grand Est.

Un parterre d’édiles pour le côté solennel

Parmi eux, le maire André Jacquemin entouré d’une grande partie de son Conseil municipal, le député Christophe Naegelen, François Vannson président du Conseil départemental des Vosges, Jean-Louis Thomas, Maire de Pouxeux, Jacques Hurel 1er adjoint de Pouxeux, de Jérôme Bozzolo, le lieutenant des sapeurs-pompiers d’Eloyes, du lieutenant Kévin du 1er tirailleur d’Épinal et de Jocelyne Papelard-Brescia, présidente de "US Memory Grand Est France" .



Jean-Louis Thomas, maire et Jacques Hurel 1er adjoint, de Pouxeux

Un début de cérémonie en pensées avec Pierre Mathieu

Il a été un absent remarqué. Pierre Mathieu nous a quittés il y a peu. Lui qui n’a presque jamais manqué ces cérémonies, qui a connu, cette époque difficile et vécu la libération, a été dans les pensées de beaucoup. L’adjoint Jean-Pierre Schmaltz a souhaité lui rendre cet hommage lors de la cérémonie du jour.

Pierre Mathieu en 2022

La lecture de la libération par Amélie Sempiana

L’adjointe a lu ce texte qui a démontré à quel point les journées qui ont précédé la libération ont été chargée de tensions. Rappelons-le, cela s’est passé chez nous :


Amélie Sempiana, adjointe à la communication d'Eloyes


« La Commune d’Éloyes a connu des heures qui auraient pu devenir tragiques durant les dernières semaines d’occupation, et lors de la bataille qui s’est livrée sur son territoire pour la constitution de la première tête de pont sur la rive droite de la Moselle, en amont d’Epinal.

Le samedi 9 septembre, jour de l’attaque allemande contre les FFI du Haut-du-Bois, où Monsieur Louis DUFOUR, artisan honorable connu, fut sauvagement assassiné sur la dénonciation d’un milicien alors qu’il venait d’avertir le maquis du danger proche. Pendant ce temps, son fils, 21 ans, tombait glorieusement avec une dizaine de maquisards lors de la défense du camp. À la suite de ces opérations, les Allemands comptaient une centaine de morts, dont une trentaine mitraillées par l’aviation anglaise.

Ensuite, les hordes germaniques procédèrent à de nombreuses réquisitions tant en bétail qu’en céréales. Nous ne pouvons passer sous silence le dévouement du Maire qui réussit malgré les menaces, à réduire d’un bon tiers les exigences de l’armée occupante. Le jeudi 14 septembre, il fallait 60 litres de lait considérant que nul n’ignore la situation critique en lait de notre commune, Monsieur le Maire fit bien ressortir à l’officier allemand qu’il était impossible, à moins d’en priver les enfants, de donner suite à cette réquisition. Alors le Teuton furieux avertit Monsieur le Maire et le Secrétaire de Mairie qu’il les ferait enfermer à la prochaine réticence, le lait devant être distribué à des blessés graves ; or, le lait fourni servit à constituer la pâtisserie de Messieurs les Officiers.

Samedi 16, à 20 h 30, les deux passerelles et les vannes "Kiener" sautent. Le lundi 18, des éléments allemands installent des nids de mitrailleuses le long de la rive droite de la Moselle et commencent à évacuer la rive gauche, sans utilité pour leur défense, les génératrices force de l’usine Géliot.

Mercredi 20, le canon tonne sur la route Plombières-Remiremont. À 19 h, un avion américain survole le secteur, et brusquement une détonation nous fait tressaillir, suivie bientôt par d’autres. Les obus arrivent, la bataille commence. Malheureusement, le premier obus incendie la maison Durand-Roussel : madame Durand ainsi que sa fille sont grièvement blessées. Une autre ferme brûle à deux cents mètres de là.

La population commence à se terrer dans les caves.

Jeudi 21, à deux heures du matin, l’artillerie américaine commence un violent tir de barrage, qui s’étend de la rue des Chênes à la route de Saint-Etienne. Un pont de bateaux est construit à trois kilomètres en amont de la ville. Un jeune homme FFI servit de guide aux troupes américaines.


Noirgueux - Photo : mairie de Saint-Nabord


L’infanterie américaine prend position sur la rive gauche de la Moselle occupant les cités Kiener. Les mitrailleuses allemandes tirent, la maison Sibille, dont les habitants sont déjà durement éprouvés, flambe à 7 h 30, ainsi que quelques hangars de la rue de la République. Les obus recommencent à pleuvoir, notamment sur la côte du pont et rue de l’Église. C’est à ce moment-là que notre maréchal-ferrant, Monsieur Vincent, 39 ans, père de 5 enfants, trouve la mort. Toute la journée de tir continue ; l’après-midi, les batteries allemandes répondirent au terrible feu des batteries américaines ; un duel d’artillerie s’engagea à l’issue duquel nous avons encore à déplorer la mort de Monsieur Mathieu Armand, coiffeur. La mère et la femme de notre syndic furent également blessées par les obus allemands.

Vendredi 22, quelques infiltrations américaines venues par Noirgueux et la Suche leur permettent d’occuper le sommet et une partie du bois du Croc ; à 10 h du matin, le tir reprit avec une violence inouïe, côté du pont, rue de l’Église et sur l’ensemble du village. À 18 h, le canon cesse pour ne plus reprendre. Les combats de rues commençaient pour la prise du village, les mitrailleurs allemands évacuent leurs positions le long de la Moselle, laissant leurs engins et munitions ; 10 minutes après, l'infanterie américaine faisait son apparition au centre de la Commune, où des combats très rapprochés eurent lieu.


Les américains en 1944, du côté de Noirgueux


Le samedi 23, au matin, tout était terminé, les blindés alliés venus pendant la nuit, occupent le reste du pays. Ils ne cesseront d’affluer pendant toute la journée. La bataille d’Éloyes est finie, la tête de pont constituée. Il faut reconnaître que, malgré l’importance des combats, les tirs précis des Américains fit le minimum de dégâts, trois mille projectiles étaient tombés. Éloyes, libre, enfin, respire maintenant un air français, celui de la liberté. Malheureusement, le mardi 25, 7 volontaires devaient encore tomber sous les coups des nazis, réfugiés dans les bois. Éloyes en revendique 4 pour sa part : Bosselmeyer le plus jeune; Cipollini, prisonnier libéré ; Trinquart et Pierre, pères de trois enfants tous deux. Un cinquième, Hingray, y est grièvement blessé. Soulignons enfin, le courage et le désintéressement du regretté Lieutenant FFI Romann, tué accidentellement en service le 26 septembre 44. » (extrait d’un article de l’Est Républicain et du Démocrate de l’Est en date du jeudi 19 octobre 1944.)

Inauguration et dévoilement d’une plaque commémorative

C’est avec émotion que le maire André Jacquemin, Christophe Naegelen, François Vannson et Jocelyne Papelard-Brescia ont dévoilé la plaque reprenant les nom et grade des 8 soldats américains du 143e régiment de la 36e division d’infanterie, tombés à Eloyes Des gerbes ont aussi été déposées par les autorités présentes. Ces dernières ont salué, comme de coutume les porte-drapeaux et remercié les intervenants de l’US Memory ainsi que « Les Sans Pistons ».

La plaque dévoilée par François Vannson, André Jacquemin, Christophe Naegelen et Jocelyne Papelard-Brescia

La plaque dévoilée par François Vannson, André Jacquemin, Christophe Naegelen et Jocelyne Papelard-Brescia

La plaque dévoilée par François Vannson, André Jacquemin, Christophe Naegelen et Jocelyne Papelard-Brescia

Une gerbe déposée par François Vannson, André Jacquemin, Christophe Naegelen et Jocelyne Papelard-Brescia

Une gerbe déposée par Jocelyne Papelard-Brescia et les lieutenants Bozzolo et Kévin.

Les remerciements aux porte-drapeaux

Un cortège jusqu’à la salle de convivialité





C’est un cortège emmené, tout en musique, par les "Sans Pistons", suivi par les trois Jeeps américaines, qui a rejoint la salle de la convivialité pour y prendre un rafraîchissement offert par la municipalité. Alain Reynders


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